[Yves Berrier, directeur du restaurant Point à Vienne...

[Yves Berrier, directeur du restaurant Point à Vienne (Isère)]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0759 FIGRP01149 002
technique1 photographie négative : noir et blanc ; 24 x 36 mm
historiqueLe restaurant Point, à Vienne, l'un des plus célèbres établissements de France, ferme ses portes [le 20 mars 1988] pour une durée de neuf mois. Neuf mois pour changer, agrandir et rénover. Un pari lancé par le jeune et nouveau directeur Yves Berrier. Point fait donc peau neuve. Mais pas n'importe comment. Avant de donner le premier coup de pioche, il a fallu se souvenir de l'histoire du vieux restaurant, et s'organiser pour conserver ce qui a fait son caractère et sa cuisine. Les étoiles du Michelin, aujourd'hui deux, hier trois, se méritent, la maison de Vienne ne figure pas au palmarès des meilleurs instituts gastronomiques du pays par hasard. Tout commence en 1923. Fernand Point crée Point. Jusqu'à sa mort, en 1952, le restaurant ne cesse de gravir les échelons de la hiérarchie gastronomique. On se souvient aussi que, un jour, l'ancien roi d'Angleterre Edouard VIII, alors duc de Windsor, au lendemain de son abdication, vint prendre, en 1936, une consolation alimentaire en compagnie de son épouse roturière. La cuisine défendra ensuite ses couleurs et sa réputation avec madame Point. Jusqu'en juillet 1986, date de sa mort. Pendant un an, une fille héritière s'occupera de l'affaire. L'année dernière, l'établissement est vendu à la société foncière des Champs Elysées. Arrive alors Yves Berrier, tout droit venu de son poste de directeur adjoint du Méridien de Dakar, au Sénégal. Pour relever un "challenge passionnant". Le pari est simple : maintenir la tradition Point, la cuisine Point, la qualité Point. Une cuisine "copieuse, raffinée, franche et sans chichis". Concrètement, il s'agit de "garder le même esprit que le patron Fernand, conserver les mêmes recettes, refaire son excellente cuisine". Le chef n'a pas bougé, il est toujours là depuis 1953. Les spécialités sont maintenues. Gratin d'écrevisses and co. Même formule également pour le menu "bas de gamme" à 280 francs, celui qui s'adresse aux hommes d'affaire : changement chaque semaine, pour varier les plaisirs et stimuler les cuisiniers. Mais, poussé par sa clientèle, voilà que le directeur est pris par la folie des grandeurs. Premier point : la rénovation des cuisines. Agrandissement, réorganisation, changement du matériel. Un rajeunissement. Côté salle, il s'agit simplement "de rectifier les erreurs de goût" et de modifier quelque peu la physionomie de l'ensemble. Un peu plus long, un peu moins carré. Dix couverts en plus. Deuxième étape : la création d'un musée Fernand Point. Avec caveau de dégustation, vins de la région. Et tous les documents. Le livre d'or signé par Churchill, Cocteau ou le duc de Windsor. Enfin, le petit bijou : un hôtel de trente chambres. Luxe, brillant et classe. Avec salons de réception, pour les congrès et les séminaires. Et un matériel audiovisuel sophistiqué, "tout ce qui manque à Vienne". Pour réaliser l'ensemble, il a fallu racheter une maison et un terrain, afin de conserver le jardin. Au départ, Yves Berrier avait ciblé le haut du haut de gamme. Ambitieux, il voulait faire "encore mieux que le Cour des Loges à Lyon". Arcades, suites et des appartements personnalisés. Son rêve : "une maison bourgeoise lyonnaise", toute en Renaissance. Réalisant que peut être, ces clients là n'existaient pas en nombre suffisant à Vienne, il s'est rabattu sur le "500 francs la nuit". Standard, très confortable, mais abordable. La clientèle visée, c'est bien sûr celle du restaurant. Tous ceux qui viennent manger et, après un copieux repas bien arrosé, rechignent à prendre la route, même pour retourner à Lyon". Mais, il y a aussi celle des réunions de salon, des séjours style Sofitel ou Novotel. Dans tous les cas et quoi qu'il arrive, le restaurant restera la clef de voûte de l'ensemble. Et les efforts seront concentrés sur les cuisines avant tout. Et sur le vin. Le restaurant Point possède en effet une des plus belles caves de la région. C'est le privilège de l'âge. La carte des Bordeaux doit sans doute être une des plus vieilles de toute la région. Certaines bouteilles dorment là de puis 1806 ou même 1700. Des Cognac datent de 1800. A boire ou à regarder, les vins de chez Point, les bouteilles de toutes les formes et avec toutes les étiquettes, valent le déplacement. Il faut maintenant combler la cave, la bichonner et l'entretenir. Source : "Les nouvelles recettes de Point" / Isabelle Lasserre in Lyon Figaro, 16 mars 1988, p.44.
note à l'exemplaireCe reportage photographique contient 34 négatifs.
note bibliographique"Le restaurant Point a été vendu" / D. Largeron in Le Progrès de Lyon, 17 juin 1987.

Retour